La protection de l’environnement fait tache d’huile

Prévention - Le 23 septembre 2019

[MAGAZINE] Utilisation de véhicules électriques, isolation thermique dans les casernes, recyclage de tenues d’intervention… les sapeurs-pompiers comme toute la société sont fermement décidés à prendre le «virage environnement». Preuve par l’exemple avec la commission technique de la FNSPF lors du Congrès national le 19 septembre 2019.

La protection de l’environnement fait tache d’huile

Les véhicules électriques représentent une part grandissante du marché: +50% d’augmentation des immatriculations en juillet dernier par rapport à la même période de l’année précédente… mais seulement 1% du parc global. D’où une question : et les pompiers dans tout cela ? Le constat est encore peu nuancé: l’électrique, s’il a pénétré le marché des particuliers, est encore trop contraignant pour les sapeurs-pompiers. En cause notamment l’autonomie –une centaine de km pour un utilitaire de 3,5 tonnes– mais aussi le temps de recharge, durant lequel le véhicule ne peut plus être opérationnel, point évidemment crucial au vu de la sollicitation. La question du poids lié aux batteries est aussi une limite. Un exemple ? Jean-Paul Degrange, de la commission technique, le fournit : des essais à l’étranger ont été réalisés avec un fourgon-pompe tonne. Il nécessitait quatre tonnes de batteries, ce qui porte son poids total à plus de 20 tonnes, ce qui n’est pas compatible avec la circulation sur de nombreuses voies. «Et pour l’autonomie, il faut non seulement prendre en compte le trajet mais également la consommation de la pompe», indique-t-il. L’électrique peut néanmoins s’imposer pour des véhicules administratifs, qui ne sont pas soumis aux contraintes de l’opérationnel. Mais attention, a rappelé un participant au colloque lors du Congrès national, le 19 septembre 2019: «Il a été démontré qu’un véhicule électrique, en prenant en considération sa vie, de sa fabrication à son recyclage en passant par son utilisation, ne présente un bilan environnemental favorable qu’à partir de 25.000 kilomètres par an». Un minimum de circulation nécessaire qui s’explique par le fait que l’avantage de la zéro émission de CO2 en circulant ne doit pas être absorbé par les contraintes de recyclage de batteries. De là à condamner l’électrique, il n’y qu’un pas. Mais le colonel Henri Bénédittini, animateur de la commission technique fédérale, se refuse à franchir. «La technologie en matière de batterie progresse vite», explique-t-il et «l’énergie électrique pour la propulsion peut aussi être basée sur des systèmes à condensateurs». De même, l’hydrogène peut constituer une alternative, mais sa fabrication présente encore une facture environnementale jugée trop lourde.

Partenariat avec la start-up «1083»

Autre exemple par lequel les sapeurs-pompiers prennent le virage environnement : celui de leur contribution à un jeune modèle d’économie circulaire. En signant avec la start-up «1083» et la FNSPF, les Sdis de la Drôme et du Tarn cèdent au partenaire vêtements d’uniforme réformés. La jeune entreprise les détricote, les défile et les refile, pour en faire des baskets et des jeans. Un pari audacieux que de faire du «made in France» avec des objets plutôt connotés «US» qui a aussi le mérite de créer 150 emplois dans la filière textile, sinistrée depuis longtemps. «Les sapeurs-pompiers sont les premiers acteurs de la protection de l’environnement», a rappelé le président de la FNSPF, Grégory Allione, après la signature du partenariat. «Toutes les initiatives en faveur du développement durable ont vocation à être marquées du sceau de la FNSPF», a-t-il conclu.

Texte : Dominique Verlet
Photos : DR


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