Conférences "Eau et pathologies"

La thématique de "l'eau et des pathologies" a été abordée, jeudi 23 mars 2017, lors de conférences plénières des journées scientifiques européennes du service de santé et de secours médical (SSSM) "Secours Santé 2017", au Palais des congrès de Vannes. En voici les présentations accompagnées des éléments projetés dans la salle de conférence.

Panorama des conférences sur la thématique "Eau et pathologies"

  • Les plongeurs bretons ont-ils moins d’accidents que les Méditerranéens ?
  • Noyade et arrêt cardiaque, prise en charge en milieu aquatique
  • Prise en charge d’un naufragé en mer, que doit-on retenir ?
  • Place de la ventilation non-invasive dans la prise en charge des noyades : chassons les a priori
  • L’eau salée : un bon soluté de remplissage ?
  • « Damage control » vasculaire en préhospitalier
Secours santé - Eau et pathologies

Les plongeurs bretons ont-ils moins d'accidents que les Méditerranéens ? 

Auteur et orateur : Dr A. HENCKES, praticien hospitalier, chef du service de médecine hyperbare du CHRU de Brest

L’Atlantique et la Méditerranée sont deux milieux marins relativement différents, avec chacun des particularités de relief et donc de profondeur, de courant, de température, de climat et d’accessibilité. Ces particularités soulèvent la question d’un retentissement sur les pratiques en plongée sousmarine et sur l’accidentologie de cette activité. La plongée sous-marine est pratiquée par un public de plus en plus large et expose à des accidents divers : certains sont très spécifiques, liés à l’exposition à la pression, d’autres sont causés par l’environnement, et enfin d’autres sont dus à l’activité physique et à l’état de santé du plongeur. Des données épidémiologiques manquent, tant sur les pratiquants de l’activité que sur l’accidentologie globale de l’activité. On peut estimer entre 300 000 et 400 000 le nombre de plongeurs, et entre 2 et 3 millions le nombre de plongées réalisées par an en France, avec une plus grosse activité sur la façade méditerranéenne qu’en Bretagne. Les caissons hyperbares sont aussi inégalement répartis sur le territoire avec, en Bretagne, une seule structure, qui accueille dix fois moins d’accidents de plongée que les structures méditerranéennes. Si cela peut refléter une différence quantitative que l’on discutera, il faut également envisager des différences en termes de profil de plongeurs accidentés et de types d’accidents.

Les plongeurs bretons ont-ils moins d'accidents que les Méditerranéens ?

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Noyade et arrêt cardiaque, prise en charge en milieu aquatique

Auteur et orateur : médecin en chef X. ANN, médecin urgentiste, BMPM

La noyade constitue un problème majeur de santé publique. Un demi-million de personnes décède chaque année dans le monde à la suite de cet accident. En France, 1 219 noyades accidentelles ont été responsables de 436 décès (36 %) en 2015 (INVS). Définie maintenant comme « un état résultant d’une insuffisance respiratoire provoquée par la submersion ou l’immersion en milieu liquide », sa conséquence majeure et la plus néfaste est l’hypoxie. La durée de cette hypoxie est le facteur pronostic de survie. Toute personne victime de noyade doit être retirée de l’eau le plus rapidement possible, en utilisant toutes les ressources disponibles, pour débuter les manœuvres de réanimation le plus précocement. Le dégagement d’une victime de l’eau peut être complexe et la sécurité des intervenants prime. La réalisation précoce de la ventilation artificielle est essentielle car elle augmente la survie. L’immobilisation du rachis cervical est secondaire car la probabilité de lésion de la moelle épinière lors d’une noyade est très faible (0,5 %).

Manœuvres dans l’eau

Les sauveteurs spécialisés peuvent débuter les manœuvres de ventilation artificielle dans l’eau pendant le dégagement, en utilisant autant que possible un moyen de flottaison. La réalisation de compressions thoraciques dans l’eau est difficile, illusoire et néfaste à la victime et au sauveteur. Elles ne sont pas recommandées. Il n’y a pas de réelle nécessité de pratiquer une aspiration de l’eau contenue dans les voies aériennes. La réanimation médicalisée doit être entreprise tant qu’il n’existe pas de signe évident de décès (lésions traumatiques graves, rigidité cadavérique, état de putréfaction) et poursuivie, d’autant plus que la victime est en hypothermie et non réchauffée. Le recueil de l’histoire de l’accident, de la description précise des circonstances, y compris la durée estimée de la submersion, est essentiel pour évaluer et guider la prise en charge d’un noyé. Toute victime de noyade en arrêt cardiaque doit pouvoir bénéficier le plus vite possible d’une protection efficace des voies aériennes, grâce à une intubation orotrachéale pendant les manœuvres de réanimation cardio-pulmonaire.

Utilisation d’une PEP

La diminution de la compliance pulmonaire nécessite l’utilisation d’une PEP pour la ventilation. Les victimes peuvent présenter au scope une asystolie, une activité électrique sans pouls, une FV ou TV. La prise en charge thérapeutique est conforme aux recommandations standards (ERC). Si la victime présente une hypothermie sévère (< 30°), le nombre de CEE doit être limité à 3 et il faut différer l’administration de drogues tant que la température du corps n’est pas supérieure à 30 °C. À la suite d’une immersion prolongée, les victimes peuvent présenter une hypovolémie par e_ et hydrostatique de l’eau contenue dans l’organisme. Un remplissage prudent doit être réalisé en évitant l’administration de volume excessif aggravant l’œdème pulmonaire. La voie intra osseuse est intéressante pour le remplissage et l’administration de drogues vasoactives chez ces patients vasoconstrictés, hypothermes dans cet environnement aquatique hostile (embarcation instable, naupathie du sauveteur).
La décision d’interrompre une RCP médicalisée chez une personne victime d’une noyade est difficile. Il n’existe aucun facteur fiable qui permet de prédire avec certitude le devenir. Même si des études cliniques sont toujours nécessaires pour améliorer la prise en charge du noyé et son devenir neurologique, le développement et la mise en œuvre de mesures de prévention destinées à la population peuvent diminuer rapidement la fréquence des noyades et leur sombre pronostic.

Noyade et arrêt cardiaque, prise en charge en milieu aquatique

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Prise en charge d’un naufragé en mer, que doit-on retenir ?

Auteur et orateur : Dr M. COULANGE, praticien hospitalier, chef du service de médecine hyperbare, subaquatique et maritime, CHU Sainte-Marguerite APHM, médecin SPV au Sdis 04, conseiller à l’ECASC

Dans le passé, longtemps considérée comme une fatalité, la problématique de l’homme à la mer préoccupait peu les marins. Heureusement, sous l’impulsion des professionnels  de la mer et de l’aéronautique, une réflexion fut initiée pour améliorer les stratégies de survie et développer des actions préventives. Cette démarche fut renforcée à la suite de la disparition très médiatisée de certains grands marins.

Naufragé immergé

L’auteur fera un point de situation sur les spécificités médicales d’une dérive d’un naufragé immergé. Ayant peu de données scientifiques publiées sur le sujet, il se servira de son expérience d’instructeur au sein du Centre national de plongée, de secours nautique et de survie de l’École d’application de la sécurité civile (ECASC) et de chercheur dans l’Unité mixte de recherche Aix-Marseille Université et ministère de la Défense sur la physiologie intégrée en milieu extrême (UMR MD2). Il utilisera également les résultats des travaux effectués avec l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) sur les conséquences physiologiques d’une immersion prolongée ainsi que les données extraites de ses échanges avec certains naufragés, mais également avec ses collègues de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), de la Fédération française de voile (FFV), du Centre survie mer formation (SMF) de Marseille, du Centre d’étude et de pratique de la survie (CEPS) de Lorient, bien évidemment du Centre d’entraînement aux techniques d’incendie et de survie (CETIS) du BMPM à Marseille, et du Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (CESSAN) à Lanvéoc.

Pour garder un fil conducteur clair et rester dans son principal domaine de prédilection, il se servira d’un cas concret d’un plongeur à la dérive pendant plusieurs jours. Cette situation restera très proche de ce que pourrait vivre un marin tombé de son navire, un plaisancier ayant chuté de son voilier, un baigneur attiré par le large, un kitesurfeur ayant perdu son aile ou encore un équipage d’aéronef ayant percuté l’eau. Il abordera respectivement les particularités de la lutte contre l’hypothermie, du risque de noyade, de la déshydratation, de la salabrasion, de l’épuisement psychologique, de l’hostilité de la faune locale, et les spécificités d’une récupération ainsi que la conduite à tenir initiale, en particulier avec des moyens médicaux limités.

Prise en charge d’un naufragé en mer, que doit-on retenir ?

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Place de la ventilation non-invasive dans la prise en charge des noyades : chassons les a priori

Auteur et orateur : Dr N. MARJANOVIC, praticien hospitalier, CHU de Poitiers

La noyade est un processus entraînant une défaillance respiratoire secondaire à la submersion / immersion dans un liquide. Elle concerne près de 1 500 personnes chaque année en France, avec un taux de mortalité de l’ordre de 35 ou 36 % qui a peu évolué sur les quinze dernières années.
La physiopathologie de la noyade est dominée par l’insuffisance respiratoire aiguë et l’hypoxie sévère provoquée par un œdème pulmonaire secondaire à la submersion. Cependant, l’évaluation de sa gravité doit également prendre en compte les défaillances hémodynamiques et neurologiques. Ces dernières conditionnent la stratégie thérapeutique initiale.
En eau salée ou en eau douce, l’oxygénation est l’élément essentiel de la prise en charge initiale des victimes de noyade. Le type de support d’administration (masque haute-concentration, ventilation mécanique) dépend de la symptomatologie respiratoire mais aussi hémodynamique et neurologique. Chez les patients les plus gravement atteints, la mise en place d’une ventilation mécanique selon une méthode invasive est souvent nécessaire car elle permet de traiter rapidement l’hypoxie et d’améliorer le pronostic.
Utilisée couramment dans les services de réanimation concernés par les noyades, la place de la ventilation non-invasive (VNI) ne repose que sur peu de travaux scientifiques et reste à définir.
Son efficacité est mise en évidence dans quelques travaux rétrospectifs ou dans des études de cas. Ces études amènent à un questionnement sur la position de la VNI dans la stratégie de prise en charge des patients en grande détresse respiratoire, et ne présentant qu’une défaillance neurologique modérée.

Place de la ventilation non-invasive dans la prise en charge des noyades : chassons les a priori

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L’eau salée : un bon soluté de remplissage ?

Auteur et orateur : A. MONTMINY, MD, CSPQ, spécialiste en médecine d’urgence à l’hôpital Charles-Lemoyne, professeur d’enseignement clinique à l’Université de Sherbrooke

L’eau est essentielle à la vie. Le corps humain en est composé d’environ 60 %, ce qui correspond à 42 litres pour une personne de 70 kg. Une partie se retrouve dans le sang, composé d’environ 80 % d’eau. Le volume sanguin du corps humain varie en fonction du poids et du sexe. Il est estimé à 60-70 ml / kg.
Un adulte possède ainsi environ 4 à 6 litres de sang. Plusieurs situations cliniques provoquent une diminution de ce volume, pouvant induire des conséquences physiologiques parfois fatales.
Historiquement il y a eu plusieurs approches pour remplacer un volume sanguin circulant insuffisant. Ces approches incluaient la quantité à administrer ainsi que le type d’agent de remplacement.
L’eau (salée ou non) en fait partie. Mais dans les faits, est-ce un bon agent de remplissage ? Cette communication permettra d’en énumérer les avantages et les inconvénients.

L’eau salée : un bon soluté de remplissage ?

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« Damage control » vasculaire en préhospitalier

Auteur et orateur : Pr J.-P. TOURTIER, médecin-chef de la BSPP

Né dans la marine, le « damage control » détaillait, à l’origine, des actions telles que l’extinction d’un départ de feu, l’occlusion d’une brèche à l’aide de matelas, la fixation de portes étanches pour circonscrire une inondation et limiter la propagation des dégâts. Il s’agissait de maintenir le navire à flot et en ordre de bataille, le temps qu’une réparation pérenne puisse être organisée. Le Damage control chirurgical (DCC) fut utilisé pour la première fois sur des patients victimes d’hémorragie abdominale traumatique massive pour limiter la durée d’intervention et prévenir l’installation de la triade létale : coagulopathie, acidose et hypothermie.
Retarder le traitement définitif pour assurer la restauration de l’homéostasie grâce à une chirurgie abrégée : voilà le principe fondamental du « damage control » appliqué aux traumatismes hémorragiques. Il permet une approche hiérarchisée d’une blessure autrement mortelle. « L’art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit », nous souffle Voltaire.
Devenu un concept éprouvé en chirurgie, le principe du « damage control » s’est étendu aux soins intensifs avec une stratégie spécifique de réanimation, dont la transfusion tactique était la pierre angulaire.
Puis, après avoir été strictement réservé à la prise en charge hospitalière, le concept de Damage control de réanimation (DCR) est arrivé dans le milieu préhospitalier. Le DC interroge maintenant la pratique préhospitalière, et, par-delà les débats internationaux parfois animés, il fait évoluer de manière efficace et originale la prise en charge préhospitalière des traumatisés les plus graves.

« Damage control » vasculaire en préhospitalier

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