S’équiper pour mieux faire face aux fumées

Opérationnel - Le 27 septembre 2018

[MAG] La contamination par les fumées figure parmi les préoccupations d’actualité. Plusieurs innovations pour la protection font leur apparition en France à l'occasion du congrès.

S’équiper pour mieux faire face aux fumées

Cagoules nouvelle génération

Côté protection, le point faible de la tenue se situe aujourd'hui au niveau du cou du pompier. Dans cette zone, la peau est particulièrement perméable aux particules fines et aux gaz car elle y est peu épaisse et riche en pores. Elle est d'autant plus perméable que la température et l'humidité augmentent sous les équipements de protection individuelle (EPI), favorisées par l'effort et la chaleur de l'incendie. La perméabilité de la peau du cou et de la mâchoire est ainsi multipliée par quatre  à chaque augmentation de 5% de la température. Bernard Jacquinot, ancien major de la BSPP et célèbre inventeur de l'ouvre-porte JOG, propose en importation avec son entreprise PSC une cagoule antiparticules «BarriAire». Cette cagoule double-couche «dépasse les normes consistant à bloquer 90% des particules entre 0,1 et 1,0 microns de taille», promet PSC. «Son traitement permet un séchage plus rapide que celui d'une cagoule classique, réduit l'accumulation de résidus toxiques qui sont facilement absorbés par les tissus non traités et améliore la libération des contaminants pendant le lavage.» Une efficacité qui a un prix, supérieur à celui d'une cagoule classique.

Au niveau des gants, la nouveauté réside dans la possibilité de décontamination accrue. «Nous proposons maintenant des modèles qui sont lavables en machine, y compris pour les modèles mêlant cuir et textile», explique-t-on du côté de chez Rostaing. Prochaine étape, pour les fabricants de gants comme pour ceux de machines à laver : trouver des solutions pour décontaminer l'intérieur du gant, suite à des transferts de contamination via les mains souillées.

Tenue «désassemblable»

Quant à la tenue de feu, l'Italien Grassi propose, pour la seconde année consécutive, un ensemble dont la couche externe peut se séparer du reste de l'EPI, aussi bien sur la veste que sur le pantalon. «Le porteur se retrouve ainsi avec une tenue qui est toujours conforme aux exigences et aux normes d'une tenue d'intervention SPF1. Bien entendu, il ne retourne pas sur le terrain ainsi, mais cela permet d'une part de rentrer à la caserne sans porter la couche contaminée et, d'autre part, de porter sous ces vêtements un ensemble technique et respirant».

Lavage et décontamination des tenues et du matériel

Après l'intervention, place à la remise en état du matériel et à sa décontamination. Toujours chez PSC, «on est allés chercher chez les Suédois ce qui existe déjà et qui se fait de mieux», à savoir une machine à laver qui permet de traiter casques, gants, bottes et ARI. «On peut ainsi traiter 20 ARI par heure, à raison de 5 minutes par cycle de lavage, ou jusqu'à 60 paires de bottes». Chaque effet dispose d'un support spécifique pour avoir un lavage optimal. Chez Meiko, on propose un produit «dont l'eau, qui est “osmosée” avant utilisation, est renouvelée au fil du lavage. Cela permet de ne pas faire de prélavage, de ne pas abîmer les oculaires des masques et d'avoir un séchage à l'air libre en 5 minutes. Des connections permettent de protéger les soupapes à la demande et l'intérieur des circuits des ARI.» Dräger, de son côté, propose des ensembles de lavage et de séchage de grande capacité.

Chez EPI services, on a opté pour la solution «Decontex», qui consiste à envoyer ses EPI textiles chez le prestataire, qui procède ensuite à un nettoyage au CO2 liquide. «Auparavant, on proposait un nettoyage à l'eau, mais ce n'était pas suffisant. Avec cette technique, on a un résultat équivalent à un vêtement neuf. Les métaux lourds, l'amiante et les particules fines sont supprimés en respectant le vêtement. On peut aussi traiter cagoules, gants et casques. Et là où certains nettoyages classiques consomment 70 à 100 litres d'eau, nous utilisons du CO2 qui est retraité quasi intégralement, à 98%. Nous n'avons ainsi que quelques microgrammes de déchets par EPI nettoyé. »

Un autre prestataire de service de nettoyage s'interrogeait. «Certaines nouvelles techniques de nettoyage sont proposées, et sont parfois très onéreuses. Et dans le même temps, on voit arriver chez nous des tenues qui n'ont pas été nettoyées depuis 4 ans. Le problème de la contamination passe aussi par une meilleure gestion des EPI par les utilisateurs et par les Sdis.»

Douchage des intervenants

Toujours au rayon décontamination, certains s'imaginent décontaminer intégralement les intervenants avant retour au centre d’intervention et de secours. L'entreprise Sert Life Support propose des douches de campagne et un système de production d'eau chaude, qui se met en place en quelques minutes, et qui peut être rendu autonome grâce à un groupe électrogène. Plutôt prévu pour les opérations à l'étranger, le sauvetage-déblaiement (SD) ou les feux de forêt (FDF), le système pourrait trouver sa place dans un dispositif d'envergure.

Matériel pour la formation

Enfin, au rayon de la formation, des équipements dédiés commencent à voir le jour, qui se placent sur les EPI pour les protéger de la contamination. Chez PSC, on propose ainsi «un surcasque, qui évite les ponts thermiques des modèles habituels aluminisés.» La protection du casque est meilleure, et, surtout, l'équipement est lavable et décontaminable en machine. «On propose le même type d'équipement sous forme de poncho, qui englobe le porteur.» A l'arrivée, moins de contamination et plus de facilité à remettre en état l’ensemble du matériel.

Texte : Thomas Bex
Photos : Patrick Forget

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