Election présidentielle : la FNSPF reçue par les principaux candidats

Institutionnel - Le 14 avril 2017

Dans 9 jours aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle, principale échéance démocratique de notre pays. Tout au long de la campagne, la FNSPF a porté la voix des sapeurs-pompiers de France auprès des différents candidats, afin de leur exposer le constat dressé dans le cadre de notre activité au plus près de nos concitoyens, les préoccupations et difficultés rencontrées au quotidien dans nos missions, mais aussi de leur présenter nos 32 propositions concrètes pour répondre aux défis posés à notre pays en matière de secours d’urgence et de protection des populations.

Ainsi, le document d’interpellation élaboré sur la base des réponses à la consultation menée auprès des sapeurs-pompiers de France et publié le 22 février dernier a été adressé à l’ensemble des onze candidats officiels à la fonction présidentielle.

Pour la première fois dans la vie de la FNSPF, cinq de ces candidats (les cinq principaux, si l’on en croit les sondages…) ont répondu favorablement à notre demande d’entretien, et ont reçu une délégation du Comité exécutif, personnellement ou par l’intermédiaire de représentants.

Rapide synthèse de ces rencontres (par ordre alphabétique)
 

François FILLON, Les Républicains (accompagné de Jean-Pierre VOGEL, sénateur et PCASDIS de la Sarthe).

Ce rendez-vous nous a permis d’instaurer un échange sur plusieurs points soulevés par le document fédéral pour une consolidation du système français de secours d’urgence et de protection des populations :

  • Le maintien de la proximité territoriale des secours ;
  • Le renforcement de la force sapeur-pompier et de la complémentarité entre professionnels et volontaires ;
  • La réforme de la gouvernance des SDIS (place de l’Etat aux côtés des collectivités territoriales en matière de régulation et de pilotage ; financement) ;
  • La préparation de la réponse aux nouvelles menaces et le renforcement des politiques de prévention.

A cette occasion, François FILLON a développé les engagements pris dans sa réponse écrite du 13 mars 2017 au document d’interpellation de la FNSPF :

  • Attachement au modèle français de sécurité civile, fondé sur la double complémentarité entre moyens locaux et nationaux, et entre sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ;
  • Engagement d’une réflexion pour apporter les adaptations permettant de répondre aux tensions qui le traversent ;
  • Reconnaissance de la place des sapeurs-pompiers, principaux acteurs du secours, sur un pied d’égalité avec les autres forces de sécurité : équité des mesures d’attractivité en faveur des SPV avec celles des réservistes de la police et de la gendarmerie ; renforcement de la répression des violences à l’encontre des sapeurs-pompiers ; meilleure représentation dans les promotions au sein des ordres nationaux ; accès réel aux postes à responsabilité au sein de l’encadrement supérieur de l’Etat ;
  • Développement du volontariat : préservation de l’engagement de SPV comme un engagement citoyen libre, accessoire d’une autre activité (opposition à une éventuelle requalification comme travailleur par l’Union européenne) ; maintien du maillage territorial de proximité ; ouverture d’un chantier sur l’émergence d’un nouveau modèle français du volontariat (avec remise de propositions au Gouvernement dès fin 2017) ;
  • Secours d’urgence aux personnes : intensification de la coopération avec les acteurs de la Santé ; généralisation du 112 comme numéro d’appel d’urgence unique ; mutualisation de la gestion des moyens héliportés ; prise de décision sur les plateformes communes à l’été 2018, après évaluation des dispositifs existants et des modèles étrangers ;
  • Révision des modalités d’intervention pour les missions à caractère médico-social dans le sens d’une plus grande souplesse, et ouverture d’une réflexion sur le financement de ces missions avec les collectivités locales et l’Assurance-maladie.
  • Gouvernance des SIS : adaptation de l’organisation des SIS sur la base d’un bilan partagé de la « départementalisation » (loi de 1996) dès le second semestre 2017, et amplification du rôle de l’Etat en matière de pilotage.


Benoît HAMON, PS (représenté par Marie-Noëlle LIENEMANN, responsable des services publics).

Pour Benoît HAMON, les sapeurs-pompiers sont des acteurs à part entière de la sécurité des Français : aucune considération de nature budgétaire ou autre ne doit dès lors conduire à porter atteinte au système d’incendie et de secours, qu’il faut au contraire conserver et renforcer.

Le volontariat de sapeur-pompier constitue le socle du modèle français de sécurité civile : lui seul permet à la fois de garantir la distribution quotidienne des secours de proximité dans l’ensemble des territoires et d’assurer la montée en puissance propre à répondre dans la durée aux crises et aux nouvelles menaces. Sa défense et sa promotion à travers de nouvelles mesures d’attractivité doivent dès lors constituer pour l’Etat une priorité politique.

Les disparités croissantes observées entre les territoires (budgets, délais d’intervention...) mettent en cause de manière inacceptable l’égalité des populations face aux secours, et doivent dès lors faire l’objet de mesures correctrices et d’une compensation par l’Etat, garant de la cohérence et de l’homogénéité de la réponse de sécurité civile entre les citoyens.

S’agissant des missions, l’occultation en 2012 des sapeurs-pompiers de la garantie d’accès aux soins d’urgence entre trente minutes dans l’ensemble des territoires a constitué une erreur, dont il faut tirer les enseignements.

Les sapeurs-pompiers doivent donc être considérés et traités comme des acteurs à part entière de la chaîne globale de secours et de soins urgents, et leur coopération intensifiée avec leurs partenaires relevant du ministère de la Santé.

Malgré la contrainte budgétaire, l’objectif d’assurer la meilleure réponse de service public aux populations peut conduire à envisager une adaptation des conditions d’exercice des missions médico-psycho-sociales non-urgentes.


Marine LE PEN, Front national.

Lors de cette rencontre, Marine LE PEN est revenue sur cinq sujets évoqués dans le document d’interpellation fédéral, en écho à son programme présidentiel :

  • L’enjeu global de proximité (caserne, soutien à la permanence des soins…) : elle s’est dite favorable à une « révolution de la proximité » et à une action vigoureuse visant à permettre le retour dans les territoires des activités qui en ont disparu ;
  • Le refus de la remise en cause du modèle français du volontariat par les institutions de l’Union européenne : elle a vu dans cette menace une illustration de sa dénonciation de la place excessive occupée en son sein par la technocratie, et considéré qu’il devait revenir aux Etats-membres le soin de définir souverainement la définition et le cadre juridique d’exercice de cette forme de volontariat.
  • Plus largement, elle a regretté le manque de considération portée aux sapeurs-pompiers volontaires, et notamment le refus opposé à certaines mesures incitatives en leur faveur (à l’exemple de la priorité d’accès au logement social) par crainte d’effet boule de neige, en oubliant leur engagement pour la sécurité des Français ;
  • En matière de gouvernance, garant de l’égalité républicaine des secours sur tout le territoire, l’Etat doit occuper toute sa place. La politique d’incendie et de secours doit être avant tout une politique publique de l’Etat, avec le maintien d’une présence très forte des communes ;
  • Les actions de prévention et la place des sapeurs-pompiers dans l’éducation des populations sur les comportements qui sauvent doivent être renforcées ;
  • Enfin, Marine LE PEN s’est interrogée sur la perception des sapeurs-pompiers face aux violences dont ils sont les cibles : elle s’est dite favorable à ce qu’ils disposent des mêmes protections que les autres acteurs de la sécurité (sanctions pénales, anonymat pour les dépôts de plainte…).


Emmanuel MACRON, En Marche (représenté par Didier CASAS et Gilles SANSON, responsables du pôle régalien).

Cet entretien a favorisé un échange complémentaire sur plusieurs points du document d’interpellation :

  • Le positionnement de la FNSPF dans le dialogue social, et sa vocation particulière à transcender les intérêts catégoriels pour exprimer la vision de l’intérêt général des sapeurs-pompiers de France ;
  • La nature juridique du volontariat (engagement personnel libre, autonome, sans caractère obligatoire, lien de subordination et rémunération), sa place majeure dans le dispositif de réponse opérationnelle (66% du temps d’intervention, réalisé pour 76% en astreinte), et la nécessité de ne pas remplacer des sapeurs-pompiers professionnels par des volontaires en garde postée pour ne pas le fragiliser ;
  • L’objectif prioritaire devant être assigné à la proximité en terme de qualité du service rendu, qu’il s’agisse des hommes et des femmes, du maillage territorial des casernes ou des secours d’urgence aux personnes ;
  • Les enjeux d’une association étroite des sapeurs-pompiers à la préparation de la réponse aux nouvelles menaces : participation aux services de l’Etat chargés de la préparation et de la gestion des crises, équipements, formation...

Dans une réponse écrite, Emmanuel MACRON a précisé le 5 mars ses objectifs en matière de secours d’urgence et de protection des populations, tout en soulignant l’importance de ces questions pour la société civile qu’il souhaite construire demain :

  • La consolidation du rôle central des sapeurs-pompiers dans le modèle français de sécurité civile, à travers le renforcement de la complémentarité entre les professionnels et les volontaires, le maintien de la proximité territoriale des secours, la poursuite de l’Engagement national pour le volontariat signé en 2013 par les acteurs de la gouvernance, le développement de la formation aux premiers secours et leur participation accrue à la réponse aux crises ;
  • L’amélioration de la coordination des acteurs de l’urgence, sous la forme d’une généralisation des expérimentations locales réussies ;
  • L’ouverture de réflexions sur un renforcement du rôle de l’Etat dans les sujets opérationnels relatifs aux SDIS et le développement des passerelles offertes aux sapeurs-pompiers dans le prolongement de la réforme des emplois supérieurs de direction ;
  • La garantie de l’attractivité des statuts des sapeurs-pompiers professionnels et du cadre juridique des sapeurs-pompiers volontaires.


Jean-Luc MELENCHON, La France insoumise (représenté par Djordje KUZMANOVIC, responsable des questions de défense et de sécurité).

Pour Jean-Luc MELENCHON, les sapeurs-pompiers constituent un service public essentiel à la sécurité des populations, à la cohésion sociale et aux solidarités territoriales. Comme tels, ils doivent être soutenus et accompagnés par les pouvoirs publics, et disposer de budgets leur permettant d’exercer leurs missions dans de bonnes conditions, pour eux-mêmes et pour nos concitoyens.

De même, il appartient à l’Etat, au titre de ses missions régaliennes, d’agir pour compenser les inégalités territoriales croissantes observées dans la distribution et la qualité des secours.

La conservation et, si nécessaire, la reformation du maillage territorial doivent être envisagées pour maintenir le lien de proximité entre les sapeurs-pompiers et les populations, indispensable au bon exercice des missions, à la pérennité du recrutement et à la qualité de leurs relations.

Conjuguée à une action résolue contre l’exclusion sociale et à un renforcement des politiques de prévention, elle contribuera à la diminution des violences commises à l’encontre des sapeurs-pompiers en intervention.

Enfin, l’originalité du modèle français de secours, liée à l’importance particulière en son sein des sapeurs-pompiers volontaires (effectifs, activité opérationnelle, exercice des missions), est perçue comme une richesse et un atout, à l’heure où les autres forces de défense et de sécurité sont contraintes de faire appel à des réserves citoyennes.

De ce fait, de nouvelles mesures d’incitation, de fidélisation et de reconnaissance doivent être prises pour promouvoir, favoriser et reconnaître l’engagement de sapeur-pompier volontaire.

 

Présidentielle 2017 : les 32 propositions des sapeurs-pompiers de France


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