Non-respect des directives du Président de la République par la Santé, les sapeurs-pompiers gèlent les relations avec les SAMU

Pompiers - Le 10 juin 2014

[Communiqué de presse] Accès aux soins urgents en 30 minutes  

Non-respect des directives du Président de la République par la Santé : les sapeurs-pompiers gèlent les relations avec les SAMU

A la suite d’une nouvelle intervention publique de Marisol Touraine, le 4 juin dernier, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) déplore la contradiction totale entre les directives données par le président de la République pour améliorer l’organisation du secours d’urgence aux personnes et l’action de la ministre de la Santé.

Considérant que cette situation « trouble » au plus haut sommet de l’Etat a des conséquences sur l’organisation des secours, la FNSPF appelle les sapeurs-pompiers à geler toute relation de coopération, hors cadre opérationnel, avec les agences régionales de santé et les Samu, tant qu’un dialogue partenarial respectueux n’est pas rétabli au niveau national, conformément aux demandes du Président de la République en octobre dernier.

Alors que dans quatre jours, la Nation célèbre ses sapeurs-pompiers, leur Fédération nationale a pris connaissance avec exaspération des annonces faites  par Mme Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé le 4 juin dernier à l’occasion du Congrès « Urgences ». Cette dernière, de toute évidence, persiste dans sa politique unilatérale, dispendieuse et hégémonique afin de mettre en œuvre, seule, la garantie d’accès aux soins urgents en 30 minutes promise par le Président de la République. Or, ce dernier avait aussi précisément demandé le 12 octobre que les sapeurs-pompiers soient associés aux décisions, soulignant que la base de travail commun devait être non seulement le Référentiel sur l’organisation Secours à personnes-Aide médicale urgente de 2008, mais qu’elle devait être renforcée à partir de l’évaluation de ce même rapport, dont le Président avait demandé la réalisation pour fin janvier 2014.

Loin de ces consignes, et échappant manifestement à l’objectif de rationalisation de l’action publique qui touche l’ensemble de ses collègues, la ministre a en effet annoncé:  

  • la poursuite du développement des hélicoptères sanitaires, sans coordination ni pilotage global, alors que le président de la République avait demandé l’établissement d’une doctrine interministérielle d’emploi et de gestion des hélicoptères de l’Etat avant la fin janvier 2014 et que, en parallèle, le ministère de l’Intérieur doit simultanément réduire sa flotte ; 
  • l’intensification du déploiement des médecins correspondants de SAMU, en concurrence et sans considération de l’action des  4 500 médecins de sapeurs-pompiers volontaires, au risque de siphonner cette ressource rare ; 
  • le lancement d’expérimentations sur l’organisation et le financement des transports sanitaires urgents, sans concertation ni avec les services d’incendie et de secours ni avec leurs élus ;   
  • la prolongation de la mise en place d’un système national d’information des SAMU censé rassembler « l’ensemble des acteurs intervenant dans les soins urgents… » à l’exception des sapeurs-pompiers. 

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France ne peut accepter cette action de la Santé sous tendue par la logique de domination et d’annexion. Le colonel Faure, président de la FNSPF s’indigne : «  A quoi cela sert-il de vouloir renforcer la territorialisation de la santé, si c’est pour altérer dans le même temps celle des services d’incendie et de secours ?  Ces annonces  ne peuvent qu’accroître, l’irritation des acteurs de la communauté des SDIS, ravalée au rang de sous-traitants, sans voix au chapitre de la réorganisation territoriale de la politique des soins urgents qui, pourtant, a des effets directs sur notre activité et notre organisation.

Un exemple : les sapeurs-pompiers remplissent de plus en plus d’interventions médico-sociales, en particulier dans les quartiers difficiles et les zones à faible densité démographique et médicale, suite au désengagement des autres acteurs ayant jugés ces zones non rentables. Et ce, au détriment de l’exercice et de la maitrise de notre vocation première qu’est l’urgence aux personnes. Sans parler d’une mise en concurrence irresponsable de nos services, du siphonage de nos ressources médicales, et de la privatisation des secours qui est mise en œuvre progressivement ! Bien sûr, tout cela est accentué par la contradiction totale entre les directives du président de la République et le positionnement de la ministre de la Santé mais aussi par la non-réalisation des chantiers demandés par le Président Hollande : l’évaluation du Référentiel a été engagée. Le rapport devait être rendu pour fin-janvier. Où est-il ? Concernant la doctrine interministérielle d’emploi des hélicoptères, pourquoi les travaux n’ont pas débuté ? »

Si la situation persiste, les difficultés seront exacerbées dans les départements où les relations Sdis -Samu sont déjà malaisées et se développeront rapidement dans ceux où des relations de confiance et de coopération existent encore.

C'est pourquoi la Fédération appelle au gel immédiat de toute relation et collaboration, hors actions opérationnelles, des services d’incendie et de secours avec les SAMU et  les Agences régionales de santé et ce jusqu’au rétablissement au niveau national d’un dialogue partenarial respectueux, mû par un objectif partagé de renforcement de la complémentarité d’action et d’efficacité du service public rendu dans le seul intérêt victimes, sur la base du Référentiel  commun Secours à personnes- Aide médicale urgente de 2008.