Lutte contre les incendies en hiver : Les sapeurs-pompiers inquiets face aux conséquences du dérèglement climatique.

Pompiers - Le 12 février 2020

Les sapeurs-pompiers de France apportent leur soutien aux unités engagées dans la lutte contre les incendies dans les Alpes de Haute-Provence et plus particulièrement en Corse. L’Ile de Beauté est touchée depuis le début de la semaine par d’importants incendies. Les flammes attisées par la tempête Ciara se développent sur un sol très sec, rendant l’intervention des moyens aériens quasi-impossible et la lutte au sol, menée par les sapeurs-pompiers, d’autant plus exigeante et délicate.

Ces incendies de végétation au cœur de l’hiver sont appelés à se multiplier dans les prochaines années. L’Agence européenne de l’environnement (EEA) a publié lundi 10 février une série de cartes inédites basées sur les différents scénarios du réchauffement climatique d’ici la fin du siècle. L’Agence prévoit pour les incendies un accroissement de leur violence, une expansion des territoires exposés ainsi que des saisons plus longues dans la plupart des régions d'Europe.

D’ores et déjà, le réchauffement climatique impacte directement et très lourdement l’activité des services d’incendie et de secours, avec notamment un étirement chronologique de la saison des feux de forêts et une extension sur l’ensemble des territoires métropolitains et ultramarins.

Face à ce constat, la sollicitation des sapeurs-pompiers va devenir plus importante et est amenée inexorablement à s’étendre à des zones géographiques en France qui n’étaient jusque-là pas systématiquement touchées par les risques d’incendies.  Il est donc indispensable de définir une stratégie d’adaptation des moyens de la protection civile face à l’exposition croissante de notre pays et de l’Europe entière au risque d’incendie et plus globalement aux crises générées par le réchauffement climatique (inondations, submersions marines, cyclones, tempêtes, canicules…).

Ce phénomène inéluctable impose pour seule réponse réaliste la formation et la mobilisation de tous les acteurs de la protection civile, à travers un travail essentiel à mener avec l’Etat et les élus afin de positionner le citoyen au cœur du dispositif pour répondre à cette augmentation d’activité.

Ces risques, aujourd’hui partiellement contenus,

ne le seront plus demain dans l’état actuel des choses,

où ces situations, à ce jour exceptionnelles, deviendront courantes.

Ce que préconisent les sapeurs-pompiers de France

Comme ils l’ont indiqué dans leur contribution au Livre blanc de la sécurité intérieure, les sapeurs-pompiers de France préconisent l’accélération la modernisation de notre flotte de bombardiers d’eau, décrite comme vétuste depuis 15 ans par plusieurs rapports parlementaires, mais annoncée pour seulement 2025.

Il en est de même pour les hélicoptères de la protection civile, dont la charge financière peut être largement compensée en stoppant la multiplication incontrôlée et l’engagement unilatéral des Héli-Smur par les hôpitaux et en prenant en compte l’implantation géographique des bases de la Sécurité civile préalablement à l’acquisition de ces appareils.

Ces hélicoptères, capables d’intervenir de jour comme de nuit, ont toujours vocation à constituer une réponse opérationnelle dans la réponse au secours d’urgence aux personnes, en particulier lors d’accidents de circulation, et il convient de renforcer leur médicalisation, notamment par les services de santé et de secours médical des SDIS.

Le sujet des hélicoptères de protection civile doit être enfin abordé de manière sérieuse.

Le dérèglement climatique nous impose enfin de repenser notre stratégie ainsi que notre logique de moyens et de formation des acteurs de la sécurité civile. A l’inverse des dix dernières années, il faut considérer le risque feux de forêts comme courant sur l’ensemble du territoire, et non plus exceptionnel.

 

L’urgence climatique pose plusieurs questions essentielles :

  • La suffisance capacitaire des effectifs de sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, déjà plus fortement sollicités que leurs homologues européens, pour répondre au nouveau contrat opérationnel ;
  • La pérennité de l’organisation de la solidarité nationale, fondée principalement sur les colonnes de renfort interdépartementales : comment garantir la disponibilité de ces moyens pour être projetés sur les théâtres de crises, s’ils sont déjà sollicités au niveau local pour des besoins courants ou des situations exceptionnelles ?
  • Le renforcement du cadre législatif de disponibilité des sapeurs-pompiers volontaires en cas de crise, à travers la création d’une autorisation d’absence de huit jours par année civile, à l’instar des réservistes opérationnels.

 

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