« World Rescue Challenge » : se comparer pour progresser

Prévention - Le 11 septembre 2019

Du 12 au 15 septembre 2019, la France accueille pour la première fois le « World Rescue Challenge » (WRC), compétition internationale de secours routier et de secours d'urgence aux personnes. À La Rochelle (Charente-Maritime), plus de 300 sapeurs-pompiers en provenance de 16 pays se retrouvent : une opportunité pour observer et comparer les techniques employées à travers le monde.

Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser

Le « World Rescue Challenge » (WRC) – à ne pas confondre avec le championnat du monde des rallyes – est le championnat du monde des secours, organisé depuis 20 ans par la « World Rescue Organisation » (WRO), avec deux disciplines : le secours routier et le secours d’urgence aux personnes.

Cette année, la France a la fierté d’accueillir le WRC pour la première fois. L’objectif est d’améliorer la prise en charge des victimes d’accidents en permettant aux sapeurs-pompiers d’échanger leurs savoir-faire. Chaque pays ou région du monde adhérant à la WRO organise une compétition nationale pour déterminer les équipes qui participeront au WRC. Les compétiteurs se préparent donc avec beaucoup d’exigence et progressent très rapidement. Souvent, des associations nationales dédiées au secours routier créent de véritables dynamiques dans le pays.

16 pays et 5 continents représentés

Le 20e anniversaire du "world rescue challenge" est une année de premières ! Outre le nombre d'équipes engagées, 16 nations issues de 5 contients sont représentées : Afrique du Sud, Allemagne, Brésil, Canada, Hong-Kong, Colombie, Espagne, États-Unnis, France, Irlande, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Paraguay, Portugal, Roumanie et Royaume-Uni.

Impact en France

La FNSPF a officiellement adhéré à la WRO en 2015 et développé un challenge national de secours routier dès 2016. Depuis, la compétition se tient tous les ans. Chaque édition connaît un engouement croissant avec, cette année à Avignon, 22 départements représentés.

Les challenges bousculent nos savoirs et nous font réfléchir sur nos organisations et nos pratiques opérationnelles. On s’aperçoit vite que l’on peut travailler plus rapidement et gagner en efficacité, dans l’intérêt des victimes. Certains s’interrogent sur l’utilité de chronométrer des épreuves de secours routier. En France, notre culture repose sur le modèle très spécifique de médicalisation, où l’hôpital se déplace vers la victime. On considère qu’on a le temps de sortir la victime dans les meilleures conditions puisqu’elle sera médicalisée sur place. Mais dans la pratique, c’est bien une prise en charge par un plateau technique hospitalier dit « trauma center » qui va permettre la survie d’une victime polytraumatisée en urgence absolue.

Il ne s’agit pas d’opposer les modèles, mais de permettre au commandant des opérations de secours et aux chefs d’agrès d’adopter la meilleure stratégie opérationnelle possible en fonction de l’état de la victime, entre « aller vite pour raccourcir le délai d’arrivée à l’hôpital et prendre le maximum de précautions pour éviter d’aggraver des lésions ».

Par le lieutenant-colonel Yannick Auloy


Pour en savoir plus :

World Rescue Challenge 2019 : rendez-vous à la Rochelle !

www.wrc2019france.fr

Facebook : /WRC2019France

Quelles sont les différences de pratiques entre pays ?

  • Le matériel : il y a très peu de différences concernant les outils de désincarcération utilisés. Les plus grandes marques ont des caractéristiques similaires. En revanche, ils sont majoritairement embarqués dans des engins polyvalents type FPTSR, à l’inverse de nos VSR spécifiquement dédiés au secours routier.
  • Les statuts des participants : certains sont militaires, comme les Brésiliens et les Portugais, sapeurs-pompiers professionnels ou encore sapeurs-pompiers volontaires.
  • Les rôles : les Français sont parmi les seuls participants à exercer simultanément dans les domaines du sauvetage et du secours aux personnes. En effet, la très grande majorité des équipes de secours internationales sont composées de sapeurs-pompiers exclusivement dédiés à la lutte contre l’incendie et le sauvetage (dont le secours routier) d’une part et de paramedics de l’autre.
  • Les organisations des secours : on retrouve en Roumanie notre modèle du SMUR avec le SMURD. Ailleurs, la pratique du « Pre-Hospital Trauma Life Support » (PHTLS) est très répandue et répond totalement aux exigences élevées de prise en charge des victimes. Les sapeurs-pompiers français qui découvrent cette méthodologie sont vite conquis.
  • La préparation à la compétition : la différence de préparation pour la compétition peut être très importante. Les pays anglo-saxons sont particulièrement entraînés, tout comme les Espagnols. On peut penser qu’un périmètre moindre de missions permet un meilleur développement de compétences.
  • Les équipements de protection individuelle : ils sont variés, mais répondent aux caractéristiques nécessaires à la santé et à la sécurité des intervenants. Dans ce domaine, les Français ont aussi beaucoup appris, avec notamment les masques de protection contre les particules fines ou encore la gestion du verre.
  • La conduite de l’opération de secours routier : les similitudes sont fortes car on y retrouve les mêmes besoins fondamentaux — calage, stabilisation, abordage, bilan, communication au sein de l’équipe, santé, sécurité, etc. Souvent, les meilleures équipes sont celles qui communiquent efficacement et qui respectent rigoureusement les rôles de chacun des membres.
  • Les liens avec les constructeurs automobiles : la France est un modèle en la matière grâce à ses travaux avec Renault, qui visent à faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers.

Ce qui réunit tous les compétiteurs, c’est la passion et la recherche de la perfection dans une démarche d’amélioration continue. Ces challenges sont de fantastiques aventures humaines qui ne sont pas sans rappeler, pour les plus anciens d’entre nous, les concours de manœuvres français du siècle dernier.

Les épreuves

Secours routier :

  • 10 minutes : ce temps très court doit permettre l’extraction d’une victime dont les chances de survie sont liées à une prise en charge très rapide en milieu hospitalier. Cette épreuve est très difficile et bouscule notre méthodologie française.
  • 20 minutes : une épreuve adaptée à notre organisation opérationnelle. 20’ pour arriver sur les lieux après la survenue de l’accident, 20’ pour extraire la victime et 20’ pour se rendre au centre hospitalier. C’est la « golden hour », la première heure, où les chances de survie sont maximales.
  • 30 minutes : une épreuve plus complexe avec la prise en charge de deux victimes.

Trauma challenge :

  • 10 minutes : pour prendre en charge une victime.
  • 10 minutes : pour prendre en charge un cas plus complexe avec deux victimes.
Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser
Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser
Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser
Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser
Au « World Rescue Challenge », se comparer pour progresser

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