Été, chaud... de vent ?

Institutionnel - Le 12 juillet 2019

[MAGAZINE] Éditorial de Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et de l’Œuvre de pupilles, dans "Sapeurs-pompiers de France - le Mag" de juillet / août.

Été, chaud... de vent ?

L’année « scolaire » s’est achevée avec la traditionnelle Journée nationale des sapeurs-pompiers, le 15 juin, et la réunion de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS), le 26. Ces deux rendez-vous « rituels » se sont déroulés sur fond d’épisode caniculaire mais aussi de tensions sociales internes.

Le préavis de grève déposé par sept des neuf organisations syndicales de sapeurs-pompiers professionnels pour la période estivale met en lumière la forte pression subie par les services d’incendie et de secours et le profond malaise ressenti par les sapeurs-pompiers. En cause, la forte augmentation de leur sollicitation opérationnelle dans un contexte de stagnation de leurs moyens. Ce mouvement, la FNSPF n’a vocation ni à le soutenir ni à le désapprouver. Mais sur le fond, elle interpelle – depuis plusieurs années – les pouvoirs publics sur ses raisons qui appellent des réponses adaptées, sauf à mettre en péril la soutenabilité du modèle de sécurité civile, comme la Cour des comptes l’indiquait en mars dernier.

L’augmentation de la charge opérationnelle a une cause bien identifiée : l’explosion de nos missions de secours d’urgence et d’assistance aux personnes. Les sapeurs-pompiers sont en première ligne de toutes les détresses, palliant les lacunes des professions et organismes de santé qui concentrent leurs actions sur les activités rentables et qui, par Samu-Centres 15 interposés, usent et abusent des ressources des sapeurs-pompiers, allant jusqu’à les priver de la possibilité de maîtriser leur activité et de piloter leur mission. Inacceptable, cette situation génère un profond malaise chez les professionnels comme chez les volontaires et des transferts de charges budgétaires indus pour les collectivités locales qui doivent cesser. En complément des mesures de reconnaissance prises pour les personnels administratifs, techniques et spécialisés (PATS) et parallèlement aux chantiers engagés en faveur des sapeurs-pompiers volontaires dans le cadre de leur Conseil national (CNSPV), un calendrier doit être défini pour apporter des réponses aux sapeurs-pompiers professionnels, dans le dialogue entre l’ensemble des représentants des financeurs et des personnels.

La CNSIS est l’instance légitime pour ce dialogue qu’elle pilotera grâce à un groupe de travail qui étudiera les attentes exprimées, qu’elles soient statutaires ou opérationnelles et, j’en forme le vœu, selon un état d’esprit de reconnaissance plaçant l’humain au cœur du dispositif. Dans le même temps, les services d’incendie et de secours sont, quant à eux, dans le besoin de nouvelles marges de manœuvre financières. Elles pourraient être permises par la suppression de sur-cotisations sociales, du paiement des péages d’autoroutes et une dispense de la taxe sur les carburants. Des financements à coût zéro ou marginal à l’échelle nationale sont également possibles, comme le rétablissement du montant des subventions à l’investissement par l’État ou encore l’éligibilité aux prêts à taux zéro. Deux sphères d’attentes, du côté des personnels comme de celui du service, qui ne peuvent que conduire à ce vœu estival, celui que le vent souffle plus sur les avancées que sur les forêts.

Twitter @AllioneFNSPF

Sapeurs-Pompiers de France – le Mag


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