Cinq drôles de dames sous les feux de la rampe

Opérationnel - Le 15 février 2018

[Magazine] Dayana Bayle-Bouet, Carine Rivemale, Anaïs Rohi, Aurore et Amélie Maihé sont SPV au CIS de Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron). Elles se sont mises en scène dans une série de clichés illustrant le fait que sapeur-pompier peut rimer avec féminité.

portrait
la preuve que sapeur-pompier peut rimer avec féminité.

L’adjudant Dayana Bayle-Bouet a longtemps été la seule femme au centre de Roquefort-sur-Soulzon où elle a débuté comme SPV il y a 20 ans, jusqu’à ce que Carine Rivemale la rejoigne il y a 13 ans. Et c’est ensemble qu’elles ont accueilli Anaïs Rohi, 19 ans, puis Aurore et Amélie Mahié, des jumelles de 17 ans. « Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour on serait huit femmes dans mon centre de secours, dont trois infirmières », se réjouit Dayana. Parmi ces femmes, l’ambiance est au beau fixe. « On s’entend toutes très bien », confirme Aurore Maihé. Aussi ont-elles répondu « banco » lorsque Dayana leur a proposé de faire des photos d’elles dans la caserne, en tenue de filles. « On se disait qu’on en avait assez de ne voir que des photos d’hommes sapeurs-pompiers, qu’il était temps que cela change », raconte la jeune femme, qui organise une séance de shooting. « Quand je lui ai dit oui, je pensais que c’était un délire et que les choses en resteraient là », se souvient Anaïs. C’était mal connaître Dayana. Un premier rendez-vous avec la photographe, amie d’Anaïs, est annulé en raison d’un feu de forêt. Une nouvelle date est fixée, et cette fois pas d’appel pour déranger le club des cinq. « Nous avons passé une journée à nous faire belles et à poser. » Pour l’occasion, Dayana avait emmené un stock d’escarpins : « Par chance on fait toutes du 40 », mais aussi un fer à lisser, des vêtements, du maquillage… « On en a mis partout dans la caserne. Les hommes n’osaient plus entrer. On a fait une série de photos qu’on a utilisées sur les réseaux sociaux pour illustrer le fait qu’on peut être sapeur-pompier tout en étant féminine. » Un message qui a encore besoin de passer. « Dans notre centre de secours, ils ont l’habitude de voir des femmes, mais à mes débuts certains hommes me faisaient sentir que je n’étais pas à ma place. Aujourd’hui je suis toujours là, et les grincheux sont partis », plaisante Dayana.

Les mentalités ont évolué

Les mentalités ont un peu évolué, mais les plus jeunes assurent qu’elles ont dû s’imposer parmi des garçons qui pensaient encore parfois que les femmes n’ont rien à faire chez les sapeurs-pompiers. « C’est surtout pour le feu qu’on a encore droit à des remarques, parce qu’on est moins fortes ; pour le secourisme, ils ont compris qu’on pouvait être un atout », commente Aurore. Les collègues masculins des jeunes femmes se sont dits bluffés et fiers des photos de leurs drôles de dames. Ils ont choisi l’une d’elles pour illustrer une page de leur calendrier 2018. « Ça change. Les gens trouvent ça bien. Mais les hommes occupent encore onze mois », constate Amélie. « On nous a dit de faire un calendrier rien qu’avec nos photos, mais on n’a pas voulu faire ça aux hommes », s’amuse-t-elle. De cette expérience il reste de bons souvenirs. « Et cela a encore resserré les liens de la famille qu’on est », assure Carine qui espère que leur exemple pourra donner l’envie à d’autres femmes de s’engager chez les sapeurs-pompiers. « Ces photos, c’était une super idée, même si au départ j’étais un peu sceptique. Je suis ravie que cela contribue à faire savoir qu’on peut être sapeur-pompier sans renier sa féminité », conclut Anaïs.

Texte Valérie Chrzavzez

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